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Ces 10 robes qui font l’Algérie

Les algériens et l’institution du mariage, une grande histoire d’amour.  Telle une princesse, la mariée algérienne défile, enchaîne les robes, majestueuse et sensuelle. La robe algérienne est multiple, diverse à l’image de la mosaïque culturelle du pays. Chaque robe raconte une histoire, celle d’une région, et comme toujours de traditions.

#1TLEMCEN – la chedda 

Portée par les princesses de Tlemcen aux premiers rangs desquels Lala Mira, elle est entrée en 2012 au patrimoine immatériel de l’UNESCO. La chedda se compose de trois pièces. La première est une robe de tissu fin sur laquelle on porte la seconde pièce, une robe en soie fine brilante tissée de fils d’or. Par dessus s’ajoute le kaftan aux manches larges jusqu’aux coudes. Il est brodé de bijoux de perles censés protéger la fertilité de la mariée et éloigner les esprits malfaisants. Sur la tête, la princesse porte un diadème en forme de cône brodé de fils d’or. Le bas de la couronne est recouvert lui aussi d’or et de pierres précieuses. Enfin, la tenue est complétée par le port de longue boucles d’oreilles en or. Pas imposant du tout.

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#2 ORAN – la blousa

Son décolleté est orné de perles ouverte sur les devant laissant entrevoir une robe fine ton sur ton qui fait office de doublure. Elle est modernisée aujourd’hui, la doublure laisse place à un pantalon large en satin, ou une jupe en soie longue et plissée. Elle a été importée à Oran par les femmes fraichement débarquées de Tlemcen. Tlemcen contrôle le game.

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 #3 ALGER  – le karakou 

C’est un ensemble composé d’un gilet court et cintré, ainsi que d’une jupe longue droite ou d’un pantalon bouffant. Le gilet et le bas sont en velours orné de broderies aux formes géométriques et linéaires. Inspiré des modes ottomane, le karakou  n’a cessé de se transformer. Au XXes le gilet s’inspirera de la cosaque à basque européenne. Symbole du raffinement et du rayonnement algérois, le karakou s’est répandu dans toute l’Algérie. Classe.

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#4 BEJAIA, TIZI ETC.  – la robe kabyle

D’abord faite de laine, l’introduction au XXe s du coton industriel la transforme dans la forme qu’on connaît aujourd’hui. Quelque soit la forme, le couleur très variable ou encore le type de manches courtes ou longues, une particularité made in kabylie se dinstingue et fait le propre de cette robe : les petits rubans colorés brodés aka le ziggha. À  la taille, les femmes kabyles nouent le foudha, un tissu à l’imprimé multicolore décliné aux couleurs de la ziggha.

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#5 CONSTANTINE – djeba fergani

On la doit à la famille Fergani, précurseur de la haute couture constantinoise, les Coco Chanel du bled. Longue robe de velours, sans col aux manches longue, elle est ornée de broderies travaillées au fil d’or sous la forme d’arabesque. Elle est traditionnellement cintrée à la taille par une ceinture de louis d’or, l’investissement essentielle pour toute mariée algérienne.

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#6 SETIF – le binouar

il s’agit d’une robe légère sans manches et décolleté, le cou est recouvert de bijoux. Elle se compose de deux robes, une très fine en satin ou en soie sans imprimé fait figure de doublure et l’autre fine également, est imprimé de motifs fleuris. Une ceinture en louis d’or est traditionnellemnt portée afin de mettre en valeur la taille. Les jeunes filles la portaient lors des mariages et ajoutaient un voile pour cacher leurs visages. Chacune  faisait chauffer le danceflloor (et pas que) en se déhanchant devant  un homme,  jusqu’à que séduit, il s’approche vers elle pour lui dire « que Dieu fasse de toi la belle-fille de ma mère ». C’est romantique un peu.

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#7 BATNA – lhef Chaoui

La robe chaoui est drapée satinée et brodée de fils de laine de différentes couleurs. Traditionnellement le tissu de la robe est sombre mais aujourd’hui, il se décline en différentes couleurs. Lhef chaoui a été modernisé, il est aujourd’hui composé de deux pièces, un haut court à manches longues brodés et une jupe ou un pantalon large satiné.

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#8 DJELFA – robe djelfaoui

Elle  ressemble à la robe setifienne, à la différence qu’elle est brodée de dentelle sur le col et sur le bas de la robe. Elle est cintrée à la taille par une ceinture brodée en tissu ou une ceinture en louis d’or. Bling Bling.

 

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#9 BOUSSADA- ropa Boussadi

C’est une robe longue blanche à volant aux manches longues à laquelle s’ajoute le lougga un long voile posé surla tête recouvrant les épaules. Sur le front est posé un bijou surmonté d’une plume d’autruche . A la taille est nouée un foulard en cordon qui laisse pendre un ponopn sur son ventre. Cette robe a inspiré de nombreux peintres orientalistes et s’est modernisé, laissant place aux tissus brillants. Les cheveux  et les épaules sont toujours recouverts par un foulard de la même couleur que la robe, laquelle est associée à une danse particulière : la danse de la colombe. Lors des mariages, les jeunes filles portaient cette robe, se déhanchait devant les hommes en effectuant des mouvements de va et bien avec leurs bras suggérant ainsi l’attirance physique. L’homme séduit par une de ces danseuses mimait alors un coup de fusil, la jeune fille concernée s’effondrait au sol : l’homme avait conquis sa colombe.
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#10  IN GUEZAM – la melhfa sahraouia

Ce tissu ample de 3 mètres est  traditionnellement teinté de bleu ou de noir, les deux couleurs censées préserver le corps de la chaleur. Pour les célébrations et autres heureux évènements, elle se décline en couleurs vives, le tissu est brillant, en satin ou en soie, jamais cintrée.

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La perle du mois : La Jeune fille et la Mère de Leïla Marouane

Ce roman aura valu à Leïla Marouane le prix des écrivains de la langue française en 2006. Il ne m’en fallait pas plus pour m’y pencher. Dans La Jeune fille et la Mère, la journaliste dépeint la société algérienne des années 70 hantée par le souvenir d’un passé glorieux, et analyse le statut de la femme sur un mode tragique sans jamais tomber dans le pathos. Au contraire, le ton se veut ponctué d’humour, l’écriture fluide avec, à la fin, une formidable leçon d’espoir.

L’ALGERIE POST-INDEPENDANCE

Le livre a comme toile de fond l’Algérie indépendante où naissent les espoirs de changements et de modernisation. A commencer par l’instruction massive destinée à rattraper le retard induit par la colonisation. Dans les faits, hélas, les lendemains de la libération sont frappés du sceau de la désillusion. Si instruction il y a, l’émancipation, elle, se fait attendre. A la loi du colon se substitue celle des hommes. Elle n’avait en fait jamais cessée. Placée sous silence le temps de la lutte contre l’ennemi commun, elle s’est naturellement réactivée, une fois l’indépendance obtenue. Les femmes combattantes émérites de l’oppresseur sont in fine les grandes oubliées de la victoire. C’est le cas de la mère qui avait rejoint les troupes du FLN et à qui on avait promis en échange, des études à Damas ou au Caire où elle n’ira jamais. Comme toutes les femmes de sa génération, elle sera engrossée puis condamnée derrière ses fourneaux entre les quatre murs de sa maison. Cela dit, l’auteure ne propose pas une dialectique duale dans laquelle les hommes seraient tous misogynes et les femmes soumises. Les frères eux, sont les alliés infaillibles de leurs sœurs et ne se rangent jamais du côté de leur père. La mère est quant à elle l’exemple même d’une femme qui refuse de courber l’échine, soumise aux lois d’un état patriarcal certes, mais jamais à son mari face à qui elle ne manque pas de répondant. De sa jeunesse compromise, elle conserve une soif d’apprendre et une rage de vivre indéfectible. L’instruction dont elle a été privée, mehlish sa fille en disposera. « Va lire, va nourrir ton esprit et libère toi » lui lance t’elle, persuadée que dans un monde régi par les hommes, seul le savoir et les études permettent l’émancipation et l’indépendance, la vraie. Malgré toute la bonne volonté de la mère, la jeune fille n’étudiera pas. Son père décide de la marier, à seulement 14 ans, et il a ses raisons.

SEXUALITÉ

L’autre thème abordé et non des moindres est en effet relatif au tabou de la sexualité et du sacro saint mariage. Leïla Marouane s’attarde à décrire l’hypocrisie d’une société nourrie des qu’en-dira-t-on qui fait peser sur la fille, seule, le devoir de pureté et de virginité qui engage l’honneur de la famille entière. Le poids des coutumes antéislamiques persistant donne lieu à des scènes violentes et dérangeantes. La mère n’hésite pas à allonger sa fille cuisses écartées, pour vérifier sa virginité. Dépossédée de son propre corps, violée dans son intimité, la jeune fille passes des mains de la mère à celle des garçons, à celles d’une vieille et ainsi de suite. Le malaise s’installe chez le lecteur et reflète celui des personnages qui, fuient comme ils peuvent leur réalité quitte à friser la folie. La mère bloque sur le passé et délire sur la guerre d’indépendance, le père se réfugie dans l’alcool, et la jeune fille dans un monde imaginaire auprès d’un ange gardien. Incompréhensions, déceptions et frustration sont expiées par une ultra-violence qui parcourt le livre pour atteindre son paroxysme à la fin. Bouleversant.