« Tunisie moi j’y vais » la campagne d’affichage raillée sur le web

Après les attentats du Bardo le 18 mars dernier, qui avaient causé la mort de 20 personnes dont une majorité de touristes étrangers, le ministère du tourisme et de l’artisanat tunisien lance une campagne de publicité en Europe. Sur les abribus, ou sur le web, des personnalités s’affichent, une pancarte à la main, au slogan : « Tunisie moi j’y vais ». Sur la toile, les réactions ne se sont pas fait pas attendre.

Un enjeu de taille

Dans un pays où le tourisme représente près de 7% du PIB et emploie 12% de la population active, l’enjeu est de taille. Interrogé par l’AFP, le ministre Radhouane Ben Salah, président de la Fédération tunisienne d’hôtellerie, a déclaré : De l’optimisme pour la saison touristique, c’est un peu dur (d’en avoir) mais nous allons tenter de sauver quelque peu la situation »

Mitterrand, Delanoë et Hugues Auffray

La Tunisie peut en tout cas compter sur ses supporters français. Publicis, l’agence qui mène la campagne publicitaire a sollicité des personnalités. Parmi celles qui se sont prêtées au jeu, figurent, entre autre, Frédéric Mitterrand, 68 ans, ancien ministre de la culture, Bertrand Delanoë, 65 ans, ancien maire de Paris. Egalement en tête d’affiche, les chanteurs septuagénaires et octogénaires, Hugues Auffray et Charles Aznavour, qui n’ont pas manqué de publier leurs selfies sur facebook.

Une campagne critiquée

Les photos de ces égéries « seniors » amusent les internautes. Néanmoins, certains tunisiens comme @la_zarafa reprochent à l’ensemble de la campagne, de « mendier » le tourisme auprès des européens.

D’autres, un brin cynique, rappellent les soupçons de tourisme sexuel pratiqué en Tunisie, et les accusations de pédophilie dont Mitterrand et Delanoë ont tous deux été victimes. L’ex-ministre de la culture Français avait dans un livre La Mauvaise vie, paru en 2005, suscité la polémique suite à des passages troubles. L’ex maire de Paris, avait quant à lui, été accusé de pédophilie, avant de gagner son procès pour diffamation en décembre 2013.

Pour rappel, tous deux entretiennent des liens étroits avec la Tunisie. Bertrand Delanoë est né à Bizerte, où il a grandi jusqu’à ses 14 ans. Frédéric Mitterrand, a quant à lui reçu du régime de Ben Ali, la nationalité tunisienne, à titre honorifique en 2011.

Un aperçu des réactions des internautes :

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Et si l’alcool était halal ?

 

 

C’est la polémique qui  a ébranlé la classe religieuse ces dernières semaines.  Le tunisien Mohammed Talbi, éminent théologien et historien, premier doyen de la Faculté de Lettres de Tunis, soutient que l’alcool serait halal. L’Association Internationale des Musulmans Coraniques, qu’il préside,  a rassemblé dans un article publié en février dernier, un ensemble d’observations concluant à l’absence d’interdiction formelle de l’alcool dans le Coran.  L’alcool serait  donc toléré, seul son abus qui ouvre la voie à l’ivresse serait haram. Pour s’expliquer, Mohamed Talbi était l’invité de l’émission, Liman Yajroo Fakat le samedi 7 mars,  et de Tunisie 24/7 dimanche 8 mars.

Le traitement de sa théorie par la télé tunisienne s’est vu très contesté. Sans chercher à comprendre, les animateurs et les invités ont tourné ces observations à la dérision, et sur le plateau, l’indigence intellectuelle se disputait à l’agressivité. L’homme de 81 ans, qui compte à son actif une cinquantaine de publications, se débattait tant qu’il pouvait, excédé, fatigué aussi, devant un auditoire moqueur, tantôt face à deux imams, tantôt face à deux intellectuels, tous visiblement à cran. Dans Tunisie 24/7, il a fini par refuser de débattre avant de quitter le plateau. Heureusement, pour nous éclairer sur la pensée de Mohammed Talbi, on peut compter sur l’interview qu’il a accordé à Amir Mastouri pour le Mondafrique.com. Interrogé par le journaliste, il assume et confirme sa conclusion : « Dans le Coran, au pire, le vin ou l’alcool sont à éviter,  mais jamais interdits ; la seule interdiction en cette matière est qu’il est prohibé de faire la prière en étant ivre. « Pour se justifier, il se réfère à trois sourates dans lesquelles l’alcool est décrit comme un bienfait : la sourate Mohammed, les Abeilles et les Fraudeurs.

Sourate Mohamed (15) : « Voici la description du Jardin promis à ceux qui craignent Dieu. Il y aura là des fleuves dont l’eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent. »

 Sourate Les Abeilles (67) : « Vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent des fruits des palmiers et des vignes. — Il y a vraiment là un Signe pour un peuple qui comprend ! — »

Sourate Les Fraudeurs (25-28) : « On leur donnera à boire un vin rare, cacheté par un cachet de musc — ceux qui en désirent peuvent le convoiter — et mélangé à l’eau de Tasnim, une eau qui est bue par ceux qui sont proches de Dieu. »

A en croire monsieur Talbi, l’alcool comme toute bonne chose peut être consommée mais avec modération. Néanmoins, à aucun moment il n’encourage sa consommation. La conclusion de l’article publié par l’Association rappelle d’ailleurs, en conclusion,  ses effets néfastes sur la santé. L’interdiction de l’alcool ne serait finalement rien moins qu’un mythe, entretenu par « l’orthodoxie salafito-terroriste » Il appelle les musulmans à lire le Coran d’eux-mêmes, à refuser la médiation parfois falalcieuse d’interprètes auto-proclamés. Il encourage chacun d’entre nous à poser un oeil neuf et libre sur le Coran, qui depuis le 14e siècle n’a fait l’objet d’aucune relecture.

Dès la publication de l’article en février, les dévots et autres commerçants de l’islam n’ont pas tardé à réagir, certains dénonçant l’apostat, d’autres hurlant à la folie. L’imam Férid el Béji ainsi publié ce message sur sa page facebook :

« Nous avons appelé auparavant à ce que Mohamed Talbi soit envoyé en institution psychiatrique, mais nos propos n’ont pas été pris au sérieux »

Mohammed Talbi n’en est pas à son premier coup d’éclat. En 2011, il appelait à « l‘annulation de la Sharia. » Celui qui se défini comme un « penseur libre de l’islam »affirme aujourd’hui faire l’objet de menaces de mort.

Retrouvez l’intégralité de son interview pour le Mondeafrique.com ici

 

Ces 10 robes qui font l’Algérie

Les algériens et l’institution du mariage, une grande histoire d’amour.  Telle une princesse, la mariée algérienne défile, enchaîne les robes, majestueuse et sensuelle. La robe algérienne est multiple, diverse à l’image de la mosaïque culturelle du pays. Chaque robe raconte une histoire, celle d’une région, et comme toujours de traditions.

#1TLEMCEN – la chedda 

Portée par les princesses de Tlemcen aux premiers rangs desquels Lala Mira, elle est entrée en 2012 au patrimoine immatériel de l’UNESCO. La chedda se compose de trois pièces. La première est une robe de tissu fin sur laquelle on porte la seconde pièce, une robe en soie fine brilante tissée de fils d’or. Par dessus s’ajoute le kaftan aux manches larges jusqu’aux coudes. Il est brodé de bijoux de perles censés protéger la fertilité de la mariée et éloigner les esprits malfaisants. Sur la tête, la princesse porte un diadème en forme de cône brodé de fils d’or. Le bas de la couronne est recouvert lui aussi d’or et de pierres précieuses. Enfin, la tenue est complétée par le port de longue boucles d’oreilles en or. Pas imposant du tout.

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#2 ORAN – la blousa

Son décolleté est orné de perles ouverte sur les devant laissant entrevoir une robe fine ton sur ton qui fait office de doublure. Elle est modernisée aujourd’hui, la doublure laisse place à un pantalon large en satin, ou une jupe en soie longue et plissée. Elle a été importée à Oran par les femmes fraichement débarquées de Tlemcen. Tlemcen contrôle le game.

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 #3 ALGER  – le karakou 

C’est un ensemble composé d’un gilet court et cintré, ainsi que d’une jupe longue droite ou d’un pantalon bouffant. Le gilet et le bas sont en velours orné de broderies aux formes géométriques et linéaires. Inspiré des modes ottomane, le karakou  n’a cessé de se transformer. Au XXes le gilet s’inspirera de la cosaque à basque européenne. Symbole du raffinement et du rayonnement algérois, le karakou s’est répandu dans toute l’Algérie. Classe.

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#4 BEJAIA, TIZI ETC.  – la robe kabyle

D’abord faite de laine, l’introduction au XXe s du coton industriel la transforme dans la forme qu’on connaît aujourd’hui. Quelque soit la forme, le couleur très variable ou encore le type de manches courtes ou longues, une particularité made in kabylie se dinstingue et fait le propre de cette robe : les petits rubans colorés brodés aka le ziggha. À  la taille, les femmes kabyles nouent le foudha, un tissu à l’imprimé multicolore décliné aux couleurs de la ziggha.

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#5 CONSTANTINE – djeba fergani

On la doit à la famille Fergani, précurseur de la haute couture constantinoise, les Coco Chanel du bled. Longue robe de velours, sans col aux manches longue, elle est ornée de broderies travaillées au fil d’or sous la forme d’arabesque. Elle est traditionnellement cintrée à la taille par une ceinture de louis d’or, l’investissement essentielle pour toute mariée algérienne.

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#6 SETIF – le binouar

il s’agit d’une robe légère sans manches et décolleté, le cou est recouvert de bijoux. Elle se compose de deux robes, une très fine en satin ou en soie sans imprimé fait figure de doublure et l’autre fine également, est imprimé de motifs fleuris. Une ceinture en louis d’or est traditionnellemnt portée afin de mettre en valeur la taille. Les jeunes filles la portaient lors des mariages et ajoutaient un voile pour cacher leurs visages. Chacune  faisait chauffer le danceflloor (et pas que) en se déhanchant devant  un homme,  jusqu’à que séduit, il s’approche vers elle pour lui dire « que Dieu fasse de toi la belle-fille de ma mère ». C’est romantique un peu.

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#7 BATNA – lhef Chaoui

La robe chaoui est drapée satinée et brodée de fils de laine de différentes couleurs. Traditionnellement le tissu de la robe est sombre mais aujourd’hui, il se décline en différentes couleurs. Lhef chaoui a été modernisé, il est aujourd’hui composé de deux pièces, un haut court à manches longues brodés et une jupe ou un pantalon large satiné.

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#8 DJELFA – robe djelfaoui

Elle  ressemble à la robe setifienne, à la différence qu’elle est brodée de dentelle sur le col et sur le bas de la robe. Elle est cintrée à la taille par une ceinture brodée en tissu ou une ceinture en louis d’or. Bling Bling.

 

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#9 BOUSSADA- ropa Boussadi

C’est une robe longue blanche à volant aux manches longues à laquelle s’ajoute le lougga un long voile posé surla tête recouvrant les épaules. Sur le front est posé un bijou surmonté d’une plume d’autruche . A la taille est nouée un foulard en cordon qui laisse pendre un ponopn sur son ventre. Cette robe a inspiré de nombreux peintres orientalistes et s’est modernisé, laissant place aux tissus brillants. Les cheveux  et les épaules sont toujours recouverts par un foulard de la même couleur que la robe, laquelle est associée à une danse particulière : la danse de la colombe. Lors des mariages, les jeunes filles portaient cette robe, se déhanchait devant les hommes en effectuant des mouvements de va et bien avec leurs bras suggérant ainsi l’attirance physique. L’homme séduit par une de ces danseuses mimait alors un coup de fusil, la jeune fille concernée s’effondrait au sol : l’homme avait conquis sa colombe.
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#10  IN GUEZAM – la melhfa sahraouia

Ce tissu ample de 3 mètres est  traditionnellement teinté de bleu ou de noir, les deux couleurs censées préserver le corps de la chaleur. Pour les célébrations et autres heureux évènements, elle se décline en couleurs vives, le tissu est brillant, en satin ou en soie, jamais cintrée.

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Foot : ces franco-algériens qui ont choisi la France

Fekir a bel et bien choisi de jouer pour la France et sur le net, les réactions des supporters des Fennecs déferlent teintées de mépris, parfois, de déception surtout. Que Nabil Fekir se rassure, d’autres avant lui ont suscité les mêmes polémiques. Franco-algériens, ils avaient choisi de jouer pour la France avant d’être eux aussi raillés. Piqûre de rappel.

 

OMAR SAHNOUNE (1955-1980)

C’est l’histoire d’un joueur maudit. Fils de harki, né en Algérie, il est formé à Reims avant de rejoindre le FC Nantes. Il reçoit la médaille d’argent au sein de l’équipe de France espoir lors des jeux méditerranéens de 1975 à Alger. De 1977 à 1978, Il comptabilise 16 sélections en équipé nationale. Suite à une crise cardiaque, il ne participera pas à la Coupe du monde de 1977 en Argentine. Il intègre les Girondins de Bordeaux et décède lors d’un entrainement, d’une crise cardiaque (encore) Aux yeux des algériens, il reste le fils de harki « vendu » à la France.

ZINEDINE ZIDANE

Le succès du joueur binational, la fierté du football algérien, élu par la BBC meilleur joueur européen de l’histoire. Selectionné101 fois chez les Bleus, on lui a souvent reproché de ne pas avoir rejoint les Verts. En offrant à la France la coupe du monde de 1998, il a fini par s’attirer la sympathie de tous les supporters français pro fennecs ou/et pro bleus. Il avait pourtant été approché par l’équipe d’Algérie au début des années 1990. Que s’est-il alors passé ? Zidane a-t-il refusé de jouer pour l ‘Algérie? L’anecdote veut que le sélectionneur de l’époque Kermali aurait refusé de sélectionner Zizou jugé « trop lent ». Aujourd’hui, ses deux fils, Enzo et Luca se destinent aussi à une carrière de footballeurs. Chez les Verts ? Luca Zidane, Enzo Zidane, les algériens comptent sur vous !

 

CAMEL MERIEM

Plus connu sous le surnom de « Casper le fantôme » tant ses apparitions chez les bleues relèvent de la figuration. Camel Meriem avait pourtant suscité de nombreux espoirs au point d’être catalogué comme le « nouveau zizou ».Il débute au centre de formation du FC Sochaux en 1998 puis rejoint Lyon. C’est sous le maillot de l’OM qu’il rejoint en 2003 que Camel Meriem s’impose comme talentueux. Sélectionné en équipe de France en 2004, il chauffera le banc des remplaçants. Raymond Domenech ne fait pas appel à lui pour la coupe du monde de 2006. Il rejoint alors le club de Monaco où son jeu est très décrié, avant d(intégrer le club de Nice. Aujourd’hui, il joue à Chypre, titulaire (enfin) au sein du Apollon Limassol Football Club…

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KARIM BENZEMA

Champion d’Europe des moins de 17 ans en 2004, il rejoint l’OL l’année d’après et intègre le prestigieux club du Real Madrid en 2010. Malgré 77 sélections en équipe nationale dont 25 buts, c’est son patriotisme qui est souvent remis en cause. Il ne chante pas la marseillaise et ça en agace certains, d’autant plus que lors d’une interview pour Telefoot Benzema déclare : « Mon pays c’est l’Algérie, la France c’est que pour le côté sportif ». Tollé dans les médias. Benzema est érigé comme le Mauvais français, l’arabe de service qu’on adule après un but, qu’on allume après une défaite. Il le dit lui même lors d’une interview pour So Foot : « Quand je marque je suis français, quand je ne marque pas je suis arabe » Sur twitter, certains préviennent déjà Nabil Fékir : « Quant tu vas entendre des sal arabe dans les tribunes on verra comment tu te sens»

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SAMIR NASRI

Ou Le destin brisé d’un joueur aux débuts très prometteurs. Il intègre l’OM comme n°10 puis Arsenal et Manchester City. En 2010, il sera élu meilleur joueur du football français par le magazine France Football et recevra le prix du meilleur jeune footballeur de l’année. Sa réputation s’est vue ternie par une série d’accidents. William Gallas dans son livre La Parole est à la défense (2008) pointe du doigt le mauvais comportement du joueur. S’en suivront des dérapages, du « ferme ta gueule » lancé aux journalistes de l’Équipe au clash devant un autre journaliste après la défaite de la France face à l’Espagne lors de l’euro 2012. Ces accidents feront dire à Laurent Blanc, alors sélectionneur des Bleus qu’il y a « un problème Samir Nasri avec la presse. » (Telefoot) Libération titrera même « Nasri le malaise ». Mais auprès du public algérien, ou franco-algérien, Nasri déçois aussi. Le comportement excentrique et injurieux de sa copine Anara Atanes dérange. Quoiqu’il en soit, Nasri en choisissant de jouer pour les Bleus se sera privé de disputer un mondial. Mondial qu’il aurait pu disputer deux fois au moins s’il avait choisi de porter le maillot des fennecs. Sur son compte twitter il n’a pas manqué de féliciter le parcours des verts au mondial dernier. Des regrets Nasri ?

 

 

 

 

 

 

 

Ils rêvent en français

Petits, on chargeait la voiture de cadeaux  : claquettes, robes de chambres, chaussures, chemises tout y passait. Et ces mêmes yeux émerveillés devant les paquets, les produits « de France ». En réalité, c’était des achats du marché, pour la plupart made in China ou Bengladesh. Peu importe le flacon tant qu’il y ait l’ivresse, peu importe la réalité tant que dans nos tête la joie se disputairà la fierté  de porter quelque chose qui vient de France  C’est peut être ce que se disaient nos cousins à moins qu’ils aient été vraiment dupes.

Aujourd’hui, rien n’a changé à part les cadeaux qu’on ne distribue plus. Dans leur tête la France reste un eldorado. ‘ils sont chaque année des centaines de milliers a tenter leur chance. Sur des barques pour les plus déterminés, des charters, ou via un visa prétextant des études, il quitte leur pays. Par échange téléphonique ou par mail, je me suis entretenue avc quelques cousines et cousines pour tenter de comprendre qu’est ce qui en France les attirait tant. J’en ai dressé une typologie des personnalités au rêve français, loin d’être exhaustive. HUMOUR.

LE HARRAGA

Son cas qui est le plus relayé par les médias est devenu le symbole d’une génération désabusée  prête à tout pour se construire un avenir, à ses risques et périls.  Issus d’un milieu social défavorisé, ils n’ont aucun projet à part celui de recommencer à zéro dans le pays des droits de l’homme. Car pour, eux, la France reste une terre de Justice basée sur la transparence et la bonne foi. Un pays si proche mais en même temps si loin de la hagra et de la corruption des dirigeants. Mais la misère économique n’explique pas forcément ce comportement, pour beaucoup un ensemble de facteurs générateurs de frustrations sociales, familiales convergent pour produire un harraga. Comme le confie Tahra, la trentaine dans ce reportage. En attendant de prendre le large, ils tiennent les murs, les taguent de slogans contestataires et clamenet leur amour pour la France. L’été quand ils peuvent, en voyant une jeune fille « immigrée »,  ils fredonnent « y’a l Babour y’a mon amor rlejni men la misère » ( bateau mon amour, emmène moi loin de cette misère. » ils récoltent dans le meilleur des cas les sourires des passantes.

LA ROMANTIQUE 

Elle garde de la France l’image de Paris, de la Tour Eiffel et des Quais de Seine. Elle rêve secrètement d’épouser un parisien classe et gentlemen (converti si possible) qui l’emmenerait dîner dans les plus beaux restaurants avant de la conduire pour une ballade sur le pont des arts, là ils déposeraient ensemble, un cadenas scellant  leur amour. Niaise pour certains, mignonne pour d’autres, la romantique  connait de Paris ses cartes postale. et ses images google.  Biberonnée aux mouselsel, ses feuilletons telés copié-collé des télénvovelas mexicaines,  elle est incollable sur les films d’amour et romans à l’eau de rose qu’elles dévorent. Elle se rêve cendrillon des temps modernes à la quête de son prince charmant français. « A Paris, les hommes sont courtois et tellement classes  » dixit une cousine de 15 ans.

 

L’INTELLO 

L’intello considère la France  comme terre de culture et de savoir. Elle parle tès bien le français, fréquente des clubs de littérature où elle disserte sur ses écrivains préférés, le plus souvent, Camus ou Malraux. Elle se destine d’ailleurs à une grande carrière, et compte bien intégrer à sa majorité, les prestigieuses universités parisiennes qu’elle connait sur le bout des doigts. Pour parvenir à cet objectif, elle se tue en cours particulier et jongle frénétiquement entre les programmes de l’éducation nationales algérienne et les programmes français. Merci le CNED. A la différence de la romantique qui rêve secrètement d’une vie en France, l’intello affirme et assumes ses projets d’avenir, avec bien souvent le soutien inconditionnel des parents, désireux de voir leur enfant vivre la vie qu’ils auraient eux, rêvé de vivre.  Apprendre, se cultiver, obtenir un emploi, l’intello est ambitieuse  et le système coopté par une bande de  « mafieux corrompus aux lois de la hagra  » – d’apres mon cousin n’a semble t’-il rien à leur offrir.

LE RASTIGNAC

Le rastiganc a d’abord un ego surdimensioné, elle veut réussir là où les autres ont échoué pour susciter la jalousie et l’envie, faire parler d’elle.  Elle vendrait père et mère pour se faire une place au soleil ou plutôt sous la grisaille de Paris. Dans on rêve, c’est bien simple. elle quitte la pays et fini enviée par les frères et soeurs restés au pays pendant qu’elle « mène la belle vie » d’après une cousine fraichement immigrée. Ne lui parlez pas du plafond de verre ou de la crise qui bloque l’insertion professionnelle, elle ne veut rien entendre. Quitte à vivre des aides sociales, elle aura au moins le plaisir de briller l’été en se pavant comme la « migria ».

LE FÊTARD OU HRAYMI

La plupart du temps étudiant, de sexe masculin,  il prétexte une licence en France pour obtenir un visa. Contrairement à l’intello qui nourrit une ambition réelle, le hraymi est rarement un élève assidu. A l’heure où les plus sérieux étudient, il flâne dans les rues . Les françaises sont pour lui  l’objet d’un fantasme : elles seraient plus ouvertes aux expériences sexuelles et peu  farouches. Dans son rêve,  la France est la mère des libertés à commencer par la liberté des moeurs. Dans une société étouffé par les normes morales, le hraymi rêve d’une France où les étudiants enchainent les soirées, des filles aux bras, les bouteilles d’alcool jamais loin en vente libre, toujours. What else ?

 

 

 

 

 

Ma perle : Timbuktu

De ce film que je suis finalement allée voir tardivement, je suis ressortie bouleversée. Et le terme est faible. Bouleversée en tant que spectatrice de l’absurdité humaine, bouleversée en tant que musulmane, affligée par le dévoiement dont l’Islam est victime, et avec elle, ses plus fidèles croyants. Rien de nouveau pourtant, le thème du terrorisme et du djihadisme a fait couler beaucoup d’encre depuis la décennie noire algérienne, un thème que j’ai lu et relu. Pourtant, ce qu’offre à voir Abderrahmane Sissoko, c’est un paysage, des visages, des émotions et des histoires dont aucun texte ne saurait retranscrire la beauté et la force. Beauté oui, car le beau, domine malgré l’horreur dont il est ici question. Les voiles noires, le désert, les bâtisses en terres, la valse des dialectes sont sublimes. Les faits racontés sont en plus, inspiré de faits réels déroulés à Tombouktou, prise d’assaut par les djihadistes du groupe Ansar Din en 2012.Alors que le jihad et l’islam monopolisent le débat public, Timbuktu dépeint avec beaucoup de réalisme des djihadistes lambda, perdu, des hommes dans tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

La femme blessée

Que ce soit la fille mariée de force et violée, la mère, à qui on vole la fille ou la jeune fille surpris au téléphone avec un garçon, les femmes de Timbuktu sont victimes. Victimes des hommes, victimes de leur perversité. Ces tartuffes jouent les offensés devant une bouche ou une mèche de cheveux mais n’hésitent pas à aller séduire des femmes mariées, en l’absence de leurs maris, bien sûr. Sissoko ne tombe jamais dans la victimisation et le misérabilisme. Je craignais un film qui flirte avec l’éternel tryptique femmes musulmanes – soumission – barbarie, mais rien de tel ne ressort. La femme de Timbuktu est certes blessée, brutalisée, mais, elle ne cède jamais devant la terreur malgré la peur, à l’image de cette poissonnière qui, refusant de porter des gants, défient les djihadistes de lui couper les mains. Ou encore, la chanteuse, sous les coups de fouets, les cris mêlés aux larmes, ne s’arrêtera pas de chanter, la tête haute, toujours.

L’enfance volée

Aujourd’hui, il existe sur terre des hommes qui prétextant une religion refusent qu’un enfant s’amuse avec un ballon ou qu’il s’amuse tout court. S’en prendre ainsi aux enfants, c’est éteindre la joie et l’insouciance de leurs cœurs, ruiner l’espoir de ces générations futures, pour à terme tuer Timbuktu à petit feu.

L’enfance, voilà le thème qui m’a le plus touché, avec un scène en particulier, où un groupes d’enfants et adolescents improvisent un foot sans ballon. Ils miment des passements de balles, des petits ponts et des buts. En invoquant la loi de Dieu, ils produisent des orphelins sans remords aucun, tuent des pères et des mères sans chercher à comprendre, à contextualiser un crime. Ils oublient que le pardon et la miséricorde sont des bases de l’islam. Dieu le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux, c’est pourtant la sourate d’ouverture du Coran.

Des djihadistes absurdes

Qui sont-ils d’ailleurs ? Algériens, Libyens, Marocains, Mauritaniens certainement, en tout cas, ils ne sont pas originaires de Timbuktu. Ils entrent dans la mosquée en chaussures, armés. Ils se taisent devant les remontrances de l’imam, à défaut d’avoir quelque chose de pertinent à lui répondre. Jamais le réalisateur les montrera prosternés, le front au sol. Non, ils jouent à la police de jour comme de nuit, traquent bêtes, femmes, enfants, sans relâche. Leur statut de djihadiste leur confère un pouvoir sur absolument tout. Ainsi, pour justifier le kidnapping d’une jeune fille mariée de force, ils rappelleront ; « Nous faisons le djohad, nous avons le droit d’agir en tant que représentants légaux »,

Bien sur, la religion est interprétée, à leur façon, un remix qui dosent sourates et hadiths grossièrement tournés en leur faveur. Devant l’imam, ils insisteront sur la légalité de leur kidnapping en se référant à un hadith du prophète (SWS) : « Et si quelqu’un se présente à vous et qu’il vous plait par sa foi, mariez –le »

Prétendant lutter contre l’occidentalisation, ils tapotent sur des iphones, parlent anglais, fument en cachette et discutent sous le soleil du dernier classico ou de Zidane. Tout est dit sur le paradoxe de ces djihadistes 2.0 qui publient des photos de leurs massacres sur twitter, qui récitent des discours appris par cœur devant une caméra, s’y reprennent plusieurs fois, comme s’ils cherchaient en vain un sens à leurs actions.

L’hypocrisie et la maladresse sont reines chez des hommes perdus, qui à trop fantasmer leur rapport à Dieu sans s’être attaché à travailler sur eux, étudier, s’interroger, n’ont finalement jamais compris le sens des paroles de ce même Dieu. L’imam le leur rappellera, le jihad contre l’autre est vain s’il n’est pas précédé du jihad contre soi-même, un combat contre les passions et les pulsions permettant de gagner in fine la sagesse, cette même sagesse nécessaire à l’application des lois du Coran.

Sourds aux remontrances de l’imam, ils se cachent derrière la religion pour justifier leurs élans barbares, invoquent Dieu pour se déresponsabiliser de la misère et du mal qu’ils infligent. La scène où le juge auto-proclamé face aux lamentations du touareg Kidane, triste de ne plus jamais pouvoir revoir sa fille, ne le regardera, jamais. Les yeux,rivés sur sa feuille, il lâchera à son traducteur : «  Je suis triste pour sa fille mais ne lui traduis pas. » Tirer, lapider devient un exutoire à leurs frustrations. Et cet homme recalé par la femme mariée, qui, dans un élan de colère, tire dans le vide.

 

Avec toute l’horreur dont ils font preuve, les djihadistes ne tuent pas l’espoir. Les habitants de Timbuktu ne cèdent pas à la peur, les enfants continuent de jouer à leur façon, les chanteurs trouvent moyen de chanter derrière des anasheed.Aux islamistes aux cœurs rongés par la haine, la frustration et l’ignorance, à ceux qui les soutiennent, appelant à la Hijra des musulmans, à la guerre contre les mécréants, rappelez vous ces versets du Saint Coran :

 

« La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est  de croire en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelque amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la Salat et d’acquitter la Zakat. » (Sourate Al Baqara, V.177)

 

 

 

 

 

 

 

Le top 10 des punchlines néo-sionistes

Le sionisme dont l’étymologie fait référence au mont Simon de Jérusalem est l’idéologie incarnée au XIXes par ceux qui estiment que les juifs du monde doivent obtenir leur propre état. Dans le sillage des nationalismes qui s’affirment à la fin du XIXes, certains comme Theodor Herzl estiment que le peuple juif représente une nation qui doit pouvoir s’enraciner dans un état, peu importe le lieu. Aussi, on envisagera d’installer un état-nation juif en Ouganda, en Argentine. Finalement après la Shoah, ce sera en Palestine que les juifs, ashkénazes et sépharades iront trouver refuge avant d’affronter l’animosité des nations arabes persuadés de voir en Israël le dernier vestige de l’ingérence occidental au Moyen-Orient. Notons que le sionisme incarne dans le judaïsme une innovation en s’opposant à la tradition quiétiste d’après laquelle, et sur la base du talmud, le royaume de jérusalem sera reconstruit seulement après l’arrivée du Messie. Aujourd’hui encore, alors que l’existence d’un état juif, but ultime du sionisme a été pleinement réalisé, des personnalités publiques se définissent encore comme sionnistes. Le terme de sionisme n’a jamais été aussi galvaudé par tous les courants politiques israéliens. Que désigne le sionisme aujourd’hui ? Les post-sionistes plutôt de gauche, à l’instar de l’association Yesh Gvul au nom évocateur (il y a une limite ) plaident pour la création d’un état laïque et la normalisation des relations avec les palestiniens. Les néo-sionnistes actuellement au pouvoir, de droite voire extrême-droite, dont il est question dans cet article, invoque eux le caractère juif de l’état d’Israël et murissent un projet expansionniste qui flirte bien tristement avec une rhétorique raciste. Un florilège de leur punchlines les plus hardcore.

 

#10. « Si je serais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous avons pris leur pays. Il est vrai que c’est la Terre Promise, mais comment cela pourrait les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? » David Ben-Gourion cité par Nahum Goldmann, Le Paradoxe Juif (1976).

 

#9. « Il n’y a pas semblable chose que les Palestiniens, ils n’ont jamais existé. » Golda Meir Premier ministre Israélien (15 juin 1969) Golda Meir, cité par Pierre Blanc, Palestine, 20 ans après (2013).

 

#8 « Lorsque nous aurons colonisé le pays, tout ce que les Arabes seront capables de faire, sera de détaler tout autour comme des cafards drogués dans une bouteille. » Rafael Eitan, Ra’Mat’Kal, chef d’état-major israélien, New York Times (14 avril 1983).

 

#7 « Les Palestiniens sont comme des bêtes marchant sur deux pattes. » Menahim Begin, discours à la Knesset, cité par Amnon Kapeliouk, Begin et les bêtes (25 juin 1982).

 

#6 « La force est le seul langage qu’ils comprennent. Nous devrons utiliser la force ultime jusqu’à ce que les Palestiniens viennent en rampant vers nous à quatre pattes. » Rafael Eitan, Ra’Mat’Kal, chef d’état-major israélien, New York Times (14 avril 1983).

 

#5 « Les Palestiniens devraient être écrasés comme des sauterelles…leurs têtes fracassées contre des rochers et des murs général Yitzhak Shamir s’adressant aux colons Juifs, New York Times (1er avril 1988).

 

#4 « Nous devons tuer tous les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils soient résignés à vivre ici comme des esclaves. »Le président Heilbrun du comité pour la réélection du général Shlomo Lahat, maire de Tel-Aviv (octobre 1987).

 

#3 « Nous pouvons pardonner aux Palestiniens de tuer nos enfants, mais nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous obliger à tuer leurs enfants. La Paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu’ils nous haïssent. » Golda Meir, rapporté par Jean Daniel, Israël, les Arabes, la Palestine,‎ (2008).

 

#2 « Le sang juif et le sang des « goys » (non-juifs) ne sont pas les mêmes » Le rabbin Yitzak Ginsburg, Jerusalem Post (19 juin 1979).

 

#1 « Je veux te dire une chose très claire : ne t’inquiètes pas des pressions américaines sur Israël. Nous, le peuple Juif, contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent. »Ariel Sharon, à Shimon Pérès, rapporté sur Kol Yisra (3 octobre 2001).

La perle du mois : La Jeune fille et la Mère de Leïla Marouane

Ce roman aura valu à Leïla Marouane le prix des écrivains de la langue française en 2006. Il ne m’en fallait pas plus pour m’y pencher. Dans La Jeune fille et la Mère, la journaliste dépeint la société algérienne des années 70 hantée par le souvenir d’un passé glorieux, et analyse le statut de la femme sur un mode tragique sans jamais tomber dans le pathos. Au contraire, le ton se veut ponctué d’humour, l’écriture fluide avec, à la fin, une formidable leçon d’espoir.

L’ALGERIE POST-INDEPENDANCE

Le livre a comme toile de fond l’Algérie indépendante où naissent les espoirs de changements et de modernisation. A commencer par l’instruction massive destinée à rattraper le retard induit par la colonisation. Dans les faits, hélas, les lendemains de la libération sont frappés du sceau de la désillusion. Si instruction il y a, l’émancipation, elle, se fait attendre. A la loi du colon se substitue celle des hommes. Elle n’avait en fait jamais cessée. Placée sous silence le temps de la lutte contre l’ennemi commun, elle s’est naturellement réactivée, une fois l’indépendance obtenue. Les femmes combattantes émérites de l’oppresseur sont in fine les grandes oubliées de la victoire. C’est le cas de la mère qui avait rejoint les troupes du FLN et à qui on avait promis en échange, des études à Damas ou au Caire où elle n’ira jamais. Comme toutes les femmes de sa génération, elle sera engrossée puis condamnée derrière ses fourneaux entre les quatre murs de sa maison. Cela dit, l’auteure ne propose pas une dialectique duale dans laquelle les hommes seraient tous misogynes et les femmes soumises. Les frères eux, sont les alliés infaillibles de leurs sœurs et ne se rangent jamais du côté de leur père. La mère est quant à elle l’exemple même d’une femme qui refuse de courber l’échine, soumise aux lois d’un état patriarcal certes, mais jamais à son mari face à qui elle ne manque pas de répondant. De sa jeunesse compromise, elle conserve une soif d’apprendre et une rage de vivre indéfectible. L’instruction dont elle a été privée, mehlish sa fille en disposera. « Va lire, va nourrir ton esprit et libère toi » lui lance t’elle, persuadée que dans un monde régi par les hommes, seul le savoir et les études permettent l’émancipation et l’indépendance, la vraie. Malgré toute la bonne volonté de la mère, la jeune fille n’étudiera pas. Son père décide de la marier, à seulement 14 ans, et il a ses raisons.

SEXUALITÉ

L’autre thème abordé et non des moindres est en effet relatif au tabou de la sexualité et du sacro saint mariage. Leïla Marouane s’attarde à décrire l’hypocrisie d’une société nourrie des qu’en-dira-t-on qui fait peser sur la fille, seule, le devoir de pureté et de virginité qui engage l’honneur de la famille entière. Le poids des coutumes antéislamiques persistant donne lieu à des scènes violentes et dérangeantes. La mère n’hésite pas à allonger sa fille cuisses écartées, pour vérifier sa virginité. Dépossédée de son propre corps, violée dans son intimité, la jeune fille passes des mains de la mère à celle des garçons, à celles d’une vieille et ainsi de suite. Le malaise s’installe chez le lecteur et reflète celui des personnages qui, fuient comme ils peuvent leur réalité quitte à friser la folie. La mère bloque sur le passé et délire sur la guerre d’indépendance, le père se réfugie dans l’alcool, et la jeune fille dans un monde imaginaire auprès d’un ange gardien. Incompréhensions, déceptions et frustration sont expiées par une ultra-violence qui parcourt le livre pour atteindre son paroxysme à la fin. Bouleversant.

Lettre à Monsieur B.

L’été dernier en pleins bombardements sur Gaza, une amie facebook a partagé le statut suivant, d’un certain Monsieur B. (J’ai délibérément choisi de ne pas corriger ses fautes d’orthographes)

 

Appelle d urgence à tous mes frères musulmans 
Abdel Samir Momo Ibrahim Farid et tous les autres réveillez vous!!!
Ou sont passées nos années touche pas à mon pote? Nos années collège où juifs et arabes se bâtaient main dans la main contre les fachos?
Nous avons les mêmes traditions presque la même religion… Rappelez vous de notre entente d enfance ou nous vivions en paix comme des Français 
Ne voyez vous pas ce qui est en train de se passer cette montée d antisémitisme cet appel à la haine du juif? Ces Dieudonné, Soral ou autres fachos.
Renseignez vous dans de vrais médias et vous verrez que vos frères Palestiniens ne souffrent pas à cause des israéliens qui ont transformé un désert en un pays moderne et en la seule démocratie du moyen orient mais bien à cause du Hamas qui tient en otage les palestiniens, qui utilise toutes les aides mondiales pour s armer et qui égorge leurs opposants …
Regardez ce qui s est passé ce samedi à Belleville ! J aurais pu être ce juif avec la kipa qui a croisé cette foule anti juif prête à brûler une synagogue sans l intervention des policiers voulez vous devenir les nazis de demain? Ces scènes se sont déjà produites à Belleville c était déjà les juifs persécutes il y’a seulement 60 ans mais pas par vous frère musulmans par des NAZIS!!!!!
Réagissez svp mes frères c est à vous de bouger, mobilisez vous! faites vous entendre!!!! Combattez ces terroristes! osez parler et dites leur que nous sommes des frères et non des ennemis..
C est urgent avant que la haine franchisse le point de non retour.
J écris ces quelques lignes le cœur lourd, j ai 4 enfants et j ai peur du jour où l un d eux se fera agresser juste par ce qu il est juif et où je devrais fuir la France comme l ont fait avant nous nos aïeuls en 40.
Merci mes amis.

G. B Français, et Juif

En le lisant mon sang ne fait qu’un tour face à tant de mauvaise foi et de mensonge. J’ai donc décidé de lui répondre en lui envoyant directement un message que je poste également  sur ce blog, avec l’idée qu’il s’adresse non pas seulement à ce Monsieur B. mais à tous les faux pacifistes qui, sans recul aucun, chargent le camps adverse de toutes les responsabilités dans le conflit israélo palestinien. Amis sionistes ceci est pour vous.

Bonjour Monsieur B.,

Je ne vous connais pas mais une amie a moi a partagé votre dernière publication. Je me permets de vous contacter car Je tenais à réagir à votre message qui me laisse de marbre.

« Les palestiniens ne souffrent pas à cause des israéliens mais à cause du Hamas« … J’aimerais entendre la réaction d’un gazaoui dont la maison vient d’être détruite face à une telle déclaration. . Après s’être fait dépossédé de ses terres, il faudrait courber l’échine devant l’état sioniste et accepter l’occupation ? Le Hamas n’organise rien d’autre que la résistance d’un peuple. Les roquettes lancées par le Hamas sont condamnables certes, mais elles le sont au même titre que les bombardements massifs sur une prison à ciel ouvert.. La légitime défense ne vaut pas que pour Israël ! Sous un faux air de pacifislme vous ne faites qu’enfoncer la sitiation, non les méchants ne sont pas le hamas et le es gentils ne sont pas israel, l’inverse est tou aussi valable. Non un maniccheisme des plus simpliste n’a pas lieu d’être pour décrire une situation aussi complexe que celle que vivent aujourd’hui les palestiniens.

Démocratie ? Que neni ! Je vous invite Monsieur à vous renseigner sur le conflit. Depuis 1948, Israël a enfreint 65 résolutions de l’ONU dans l’impunité la plus totale. A titre d’exemple, il en aura fallu 2 seulement à Saddam Hussein pour que les Etats Unis interviennent. Démocratie vraiment ? Un pays dans lequel les dirigeants violent le droit international ? Un pays dans lequel ils se déclarent « race supérieure » ? Un pays qui reconnait les juifs noirs comme « impurs« , compare les palestiniens à « des bêtes marchant sur deux pattes » ? (Mes sources sont sûres, tirées de déclarations de personnalités politiques et je me ferais un plaisir de vous les partager sur un autre article.)

Dieu merci nombreux sont les juifs qui prennent du recul pour condamner la politique de l’état d’ Israël. Parce qu’il n’est pas question de religion mais de droits de l’homme. Faut il d’ailleurs vous rapplez qu’à l’origine le sionisme allait tà l’necontre de l’avis des rabns dotn la tradition quietiste messianique opposaient à la construction d’un état juif en palestine les textes sacrés annonçant la reconstruction du royaume de Jérusalem avec l’arrivée du Messie ?

Alors oui je souhaite comme vous que tout cela cesse juifs et musulmans sont si proches mais l’idéologie sioniste qui n’a rien à voir d’ailleurs avec le judaïsme a tout ruiné. Alors que l’OLP a reconnu Israel et s’est engagé dans un gouvernement d’unité nationale associée avec le Hams – qui soit dit en passant a accapté cette fois ci d’etrer dans le jeu democratique -, la balle erevient à Israel. Il appartient désormais au gouvernement israélien demettra fin aux colonies et acceptera la reconnaissance de l’état palestinien Insha Allah.

Bonne fin de journée Monsieur B. Prions pour la paix au Moyen Orient.

A ce jour je n’ai reçu aucune réponse de sa part. Dommage qu’ouvrir le débat s’avère si compliqué.

 

 

My name is

My name is. اسمي (Ismi). Je suis.  Voilà une question banale extrêmement ordinaire dont la réponse machinale qui mentionne nom et prénom cache en réalité une montagne de questions. On le sait, le prénom censé nous définir en tant qu’être singulier par rapport à l’Autre est investi par des normes sociales qui régissent notre environnement social. Le prénom est d’ailleurs un des éléments les plus connotés socialement.

Moi, mes parents sont algériens. Débarqués en France au début des années 1980,  comme beaucoup, ils ne parlaient pas un mot de Français.  Naturellement, ils m’ont donné un prénom purement arabe  : Majda, ماجدة, la noble , la glorieuse. Plus tard, ma mère m’expliquera qu’elle l’avait choisi en référence à sa chanteuse préférée, Majda Roumi, une chanteuse égyptienne qu’elle adulait pour la beauté de ses textes qui flirtaient avec la poésie

« Je suis Majda. » La question qui suivait systématiquement, « De quelle origine es-tu ? » Mais pourquoi toi professeur d’école primaire ou collèges et lycées m’interroge sur mon origine ? Qu’est ce que cela peut te faire ? Machinalement, je répondais, « algérienne, mais je suis née en France« . La même rengaine à chaque rentrée, et plus tard, à chaque entretien d’embauche. De toute façon sans même que les professeurs me fassent remarquer que même si j’étais loin d’être basanée, mon prénom et mon nom (que je tairais) sonnait sarrasin pur, je comprenais bien que chez moi on était pas vraiment français, on était pas vraiment comme les copines Pauline et Elsa. Déjà, on parlait arabe à la maison, mes parents ne lisaient pas la langue française, la parlait assez mal. Chaque soir, on était tous rivés devant  Claire Chazal  qu’ils comprenaient à moitié , puis  plus souvent devant Fayrouz Ziani  sur Al Jazeera.  Mais cette fois, c’est moi qui comprenait pas. Oui car mes parents nous parlaient en dialecte algérien. Quoiqu’il en soit, j’ai vite intériorisé  le fait que j’étais « française d’origine algérienne » avec tout ce que cela signifie en termes d’éducation pour commencer. Mes parents arrivés en France ont importés l’éducation du bled à la France sans rien changer. Ce pays qui prenait tant de place dans la construction de mon identité, j’ai cherché à le découvrir et à le comprendre. Au-delà des vacances d’été passés chaque année dans notre superbe villa, j’ai voulu comprendre qui était l’Algérie. Période ottomane, colonisation, indépendance, islamisme, guerre civile et surtout diaspora algérienne , j’ai tout étudié pour cerner qui j’étais, d’où je venais. Après avoir longuement interrogé ma doucle culture,  j’en ai fait aujourd’hui une source d’inspiration inépuisable avec laquelle je compte nourrir ce blog. A tous ceux qui se reconnaitront, partagés entre les dunes d’un bled parfois fantasmé et le bitume des cités, entre les coutumes parfois dépassés et la modernité occidentale. Aux curieux aussi. Bonne lecture.

Un concentré de double culture